
Châlons-en-Champagne a commémoré la libération de Châlons-sur-Marne
La commémoration de la libération de Châlons, s'est déroulée le vendredi 29 août 2025 quelques heures après l'inauguration de la 79e foire exposition, en présence des autorités civiles et militaires, des porte-drapeaux, des représentants du monde combattant et mémoriel et d'un orage ! La cérémonie a été présidée par Raymond Yeddou, secrétaire général de la préfecture de la Marne, sous-préfet de Châlons, avec le participation de Lise Magnier, députée de la Marne, du maire de Châlons-en-Champagne, Benoist Apparu, de Jacques Jesson, président de la communauté d'agglomération de Châlons, d'élus départementaux et locaux, du général de division Le Roux, délégué militaire départemental. Plusieurs gerbes ont été déposées, une minute de silence a été observée, la Marseillaise a été interprétée par l'harmonie municipale.
Voici l'allocution qu'Hervé Chabaud, administrateur national et président de la section Marne de l'Association nationale des membres de l'ordre national du Mérite a prononcé lors de cette cérémonie avant le mot du maire
Il y a quatre-vingts ans, alors que l’on attendait la signature de la capitulation du Japon mettant un terme à la Deuxième Guerre mondiale, Châlons-sur-Marne, célébrait le premier anniversaire de sa libération. Il y avait du monde réuni pour se souvenir. Au fil du temps, les rangs se sont éclaircis. Le Châlonnais Pierre Dac, l’une des grandes voix de l’émission « Les Français parlent aux Français » sur les ondes de la BBC en 1943 et 1944 aimait, un rien trivial, au nom de la France combattante dire ceci : « Se rappeler quelque chose est encore le meilleur moyen de ne pas l’oublier ». C’est avec le même bon sens que Châlons-en-Champagne célèbre ce soir le quatre-vingt-unième anniversaire de la libération de la ville, cours d’Ormesson, devant ce qui a été la sinistre maison de la gestapo où tant de résistants ont été interrogés sans relâche, torturés jusqu’à l’épuisement, détenus dans des conditions infernales au fond de cachots de la honte.
Devant ce lieu de mémoire qui résume les souffrances inouïes de ceux qui y sont passés, nous nous rappelons du mardi 29 août 1944 quand la ville a accueilli les soldats américains appartenant à des unités de la IIIe armée du général George Patton convergeant vers le centre-ville depuis les routes de Sarry et de l’Epine dans un mouvement d’enveloppement. Les habitants descendus dans les rues ont pavoisé leurs fenêtres, leur ont signifié leur immense reconnaissance, leur ont manifesté leur joie et leur enthousiasme avec simplicité et sincérité. Les acteurs de cette grande journée ne sont plus là pour en témoigner tandis que le nombre de Châlonnais ayant vécu ces instants marquants dans la liesse collective disparaissent par le jeu de l’inexorable loi du temps.
L’euphorie après quatre années de brimades et d’humiliations, l’espérance d’un monde meilleur débarrassés des guerres, cette libération obtenue ici sans tragédie ni débordement n’a pas pu faire oublier que le conflit n’était pas terminé. Que le front était toujours ensanglanté au cours des étapes du repli ennemi. Que des tragédies humaines se déroulaient toujours dans les camps de concentration nazis. Ici, la Résistance a été prudente, méthodique et vigilante dès le vendredi 18 août s’interrogeant sur la présence du personnel de l’ambassade du Japon au Jard, se méfiant du passage de Joseph Darnand et de son état-major de la Milice en préfecture, surveillant la retraite de soldats éreintés mais imprévisibles et souvent menaçants, suivant discrètement les agents des gestapos d’Orléans et de Dijon qui du dimanche 20 août à l’évacuation des dernières colonnes allemandes le 28, ont entretenu une insécurité pesante dans les rues et les faubourgs.
Cette exaltation démonstrative et bien réelle, de la rue Carnot à l’hôtel de Ville, de la rue Saint-Jean jusqu’à rue Léon Bourgeois et Notre-Dame, les résistants l’ont vécue comme tant de familles mais parmi elles, il y en avait qui étaient sans nouvelle de prisonniers et de déportés, de proches disparus depuis l’exode ou lors des bombardements. Dans la ville ayant envie de fête, il demeurait une douleur intérieure, une part d’anxiété impossible à faire disparaître. Il fallait encore s’armer de patience et attendre de longs mois avant de connaître la vérité et de découvrir de nouveaux martyrs.
Commémorer en ce vendredi soir, c’est se souvenir de cette Journée de la libération, c’est honorer tous ceux qui y ont concouru par leur engagement, leur courage, leur abnégation, la force des armes et l’amour de la Patrie. Sachons les porter dans nos cœurs et les garder dans nos mémoires parce qu’ils appartiennent à notre Histoire. « Ce qui compte, voyez-vous, c’est d’avoir fait quelque chose de sa vie et qu’il en reste un parfum dans le souvenir et dans les cœurs », a écrit l’académicien Jean d’Ormesson.
Votre présence ce soir signifie que vous êtes par vos fonctions, vos engagements, vos représentations des vigies de la Mémoire de la nation comme la République en a fait le serment envers ceux qui ont tout donné pour qu’elle soit rétablie en esprit et en droit. Vous savez qu’un pays qui fait abstraction du passé se condamne à en revivre les outrances qui l’ont blessé ou un moment défait.
Alors oui, célébrons encore longtemps la libération de Châlons !"
La section Marne de l'ANMONM était représentée autour d'Hervé Chabaud par Nelly Beaufort, Sabine Bourg-Broc, Isabelle Panaiotis, Michel Moisy, Eric Rochette, Jean-Michel Latargez, Raymond Dassonville, Claude Canivet, Pierre Maigret, René Doucet et Michel Lefevre.

Aucun commentaire
Vous devez être connecté pour laisser un commentaire. Connectez-vous.